Le Nightjet, un train ÖBB

Il était une voie, bien avant que les compagnies aériennes low-cost ne dominent les cieux et ne nous coincent sur des sièges du milieu avec des bretzels pour dîner, l’Europe avait une autre forme de magie nocturne : le train-couchette. Celui où l’on pouvait s’endormir à Zürich et se réveiller à Wien.

Parlons du Nightjet, la réponse des ÖBB (Chemins de fer fédéraux autrichiens) au bon vieux glamour du voyage à l’ancienne. Lancé en 2016, le Nightjet a repris ce que l’opérateur allemand Deutsche Bahn avait abandonné : le voyage en train de nuit. Tandis que la DB éteignait les lumières de sa City Night Line, ÖBB débarquait tel un chef de train survolté et déclarait : « Non, nous ne laisserons pas le romantisme du rail mourir dans son sommeil. »

Aujourd’hui, le Nightjet relie plus de 25 villes en Autriche, Allemagne, Suisse, Italie, Pays-Bas et Belgique. En réalité, des lignes vers Paris, Barcelona et même l’Europe de l’Est sont ajoutées ou relancées dans le cadre du grand pari des ÖBB : les trains de nuit sont l’avenir. Spoiler : ils le sont un peu, en effet.



Voitures Nightjet

Si voyager en train était une pyjama party, le Nightjet serait l’hôte qui arrive avec un pyjama en soie, un éclairage tamisé et une bouteille de mousseux autrichien. Ce n’est pas le train de nuit de votre grand-père. Bienvenue dans les voitures Nightjet nouvelle génération, où traverser l’Europe en dormant n’a jamais été aussi stylé, intelligent et, osons le dire… séduisant. Chaque rame Nightjet est un élégant convoi de 7 voitures tout confort, dont le cœur est constitué des voitures-lits : deux par train, aménagées comme des mini-hôtels-boutiques sur rails.


Voitures-lits

Commençons par le haut, au sens propre. Chaque rame Nightjet de 7 voitures dispose de deux voitures-lits dédiées, qui sont en fait des suites hôtelières roulantes. Il y a 10 compartiments par voiture : neuf Comfort Sleepers et un très chic Comfort Plus. Le Comfort Plus, c’est l’expérience VIP du rail. Imaginez la suite présidentielle des couchettes : deux lits fixes transversaux, plus d’espace au sol, une véritable salle d’eau avec cabine de douche séparée et un panneau de commande pour tamiser les lumières comme si vous mettiez l’ambiance dans un film de James Bond. Il y a aussi une table et une chaise, du vin pétillant offert et un petit-déjeuner à la carte en six éléments, servi dans votre cabine. Pendant ce temps, les Comfort Sleepers (les autres compartiments) ne sont pas en reste. Deux lits longeant la fenêtre, des toilettes privées avec douche escamotable et tous les petits plus également.



Voitures-couchettes

Si vous voyagez entre amis, en famille ou que vous aimez l’ambiance conviviale des couchettes superposées, les voitures-couchettes sont faites pour vous. Chaque train Nightjet en compte trois, astucieusement conçues pour concilier prix doux et confort. À l’intérieur, vous trouverez trois compartiments traditionnels à 4 couchettes, parfaits pour les groupes, les bavards nocturnes ou tous ceux qui veulent une ambiance « pyjama party ». Les voyageurs solo en quête de tranquillité peuvent aussi choisir un compartiment réservé aux femmes. L’ambiance générale ? Détendue, sociale et économique, comme une auberge de jeunesse, mais sans le ronfleur inconnu à quinze centimètres de votre visage.



Mini-cabines

C’est ici que l’on entre dans le futur. Les Mini Cabines du Nightjet nouvelle génération sont comme de petits pods de sommeil individuels. C’est un peu comme un capsule hotel japonais… sur rails. Conçues pour les voyageurs solo souhaitant de l’intimité sans exploser leur budget, ces cocons compacts sont entièrement fermés, insonorisés et étonnamment bien équipés. Chaque mini-cabine comprend du linge propre, une couverture, une lampe de lecture et une tablette escamotable parfaitement adaptée à un ordinateur portable ou à un en-cas nocturne. Le rangement est aussi malin : deux casiers personnels se trouvent juste à l’extérieur de votre pod et s’ouvrent avec votre carte sans contact, tandis que les mini-cabines du bas disposent aussi d’un compartiment à bagages dissimulé sous le matelas.



Itinéraires Nightjet

Zürich vers Berlin

Quand la nuit tombe sur Zürich et que le reste du monde aligne les brosses à dents et programme les réveils, le Nightjet ne fait que commencer. La ligne Zürich–Berlin, c’est l’équivalent ferroviaire d’un fondu au noir de cinéma. Environ 850 kilomètres en 11 heures, ce voyage nocturne opéré chaque jour est l’une des façons les plus fluides – et somnolentes – de traverser le continent.


Zürich

Vous embarquez à Zürich HB, le plus grand et ponctuel temple des transports suisses. Un mélange d’arches anciennes et d’escaliers mécaniques du XXIᵉ siècle. Lorsque le Nightjet glisse sur le quai, il est temps de troquer le stress du voyage contre des chaussons.



Basel

Environ une heure après le départ, le train entre en gare de Basel SBB, la poignée de main suisse avec la France et l’Allemagne. Vous êtes encore techniquement en Suisse, mais à peine. Cette halte frontalière est un portail sans passeport vers le labyrinthe ferroviaire de l’UE. Si vous êtes encore éveillé, c’est votre dernière chance de dire adieu à l’ordre suisse avant de plonger dans la ponctualité allemande.



Freiburg

Clignez des yeux et vous la manquerez : Freiburg, c’est là où la magie de la Forêt-Noire rencontre le style étudiant. Réputée pour son esprit écolo et ses rues pavées qui servent aussi de canaux de pluie (véridique), cette perle allemande marque votre entrée dans le Baden-Württemberg. Vous ne descendrez pas, mais ne vous inquiétez pas, les grandes fenêtres panoramiques du Nightjet sont le meilleur substitut à une visite guidée à pied.



Karlsruhe

Un peu avant minuit, le train marque une pause à Karlsruhe, célèbre pour son plan en éventail et sa passion de l’ingénierie. C’est aussi ici que siège la Cour constitutionnelle fédérale d’Allemagne. Pendant que le Nightjet embarque de nouveaux passagers, vous pouvez regonfler votre oreiller et songer à un petit encas.



Frankfurt

Frankfurt la nuit, ce sont des tours de bureaux et un calme fluvial. En passant par Frankfurt Süd, c’est plutôt une berceuse qu’une escale. Vous ne verrez pas grand-chose à cette heure-ci, sauf si vous êtes un oiseau de nuit en quête de Wi-Fi ou d’un thé. Votre hôte Nightjet a tout prévu. Considérez cela comme un point d’étape : vous êtes à mi-chemin vers Berlin.



Berlin

Juste avant que le café ne touche vos lèvres, vous entrez dans Berlin Hbf, la cathédrale de verre et d’acier du rail allemand. Félicitations, vous venez de passer la nuit dans un sommeil productif et vous arrivez dans la capitale du cool. Vous n’avez perdu aucune journée en route. Votre check-in à l’hôtel est peut-être encore loin, mais vous vous êtes déjà réveillé gagnant.



Zürich vers Hamburg

Celle-ci est pour les rêveurs qui aiment les paysages le jour et les nuits douces. La ligne Zürich–Hamburg du Nightjet est votre express nocturne vers le nord.



Zürich

Vous démarrez depuis la fiable Zürich HB, où les horloges sont précises, le café corsé et les trains à l’heure à la seconde près. Le Nightjet entre en gare tel un invité en smoking à un gala. Que vous soyez dans une mini-cabine à éclairage d’ambiance ou étendu dans une Comfort Plus avec douche privée (oui, une vraie douche), vous montez à bord d’un hôtel roulant avec de meilleures vues et sans musique d’ascenseur gênante.



Basel

Environ une heure après le départ, le train s’arrête à Basel SBB, la ville frontière cosmopolite de Suisse. À partir d’ici, c’est un plongeon sans passeport en Allemagne. À ce stade, vous avez probablement déjà dégusté votre bouteille de vin pétillant autrichien offerte et enfilé votre pyjama.



Freiburg

Bienvenue au paradis de l’écologie. Freiburg est la ville la plus verte d’Allemagne. Et même si le train ne s’attarde pas, c’est un rappel que même vos choix de voyage peuvent embrasser la planète. Le Nightjet, d’ailleurs, fonctionne à 100 % avec de l’énergie renouvelable en Autriche. Donc oui, vous sauvez pratiquement le monde en dormant.



Karlsruhe

Si vous êtes encore éveillé lorsque le train entre en gare de Karlsruhe, vous êtes soit caféiné, soit surexcité par l’éclairage d’ambiance à bord. Cette ville en éventail est célèbre pour son urbanisme et son génie juridique. Mais sur le Nightjet, la planification consiste à choisir six éléments pour votre petit-déjeuner à la carte (commande prise la veille).



Frankfurt

Vous êtes maintenant dans le cœur financier de l’Allemagne, bien que, à cette heure-ci, la plupart des courtiers dorment — et vous devriez en faire autant. Frankfurt Süd est l’une de ces gares qu’on manque d’un clignement d’œil, à moins d’être un dormeur léger ou un passionné de trains.



Hanover

Au moment où votre corps commence à se demander s’il fait jour, le Nightjet entre en gare de Hanover. C’est ici que le train fait son tour de magie : séparation, réunion, redirection. Les services Zürich–Berlin et Zürich–Hamburg voyagent souvent ensemble jusqu’ici, puis bifurquent — Berlin à l’est, Hamburg au nord. Vous ? Vous êtes sur cette dernière. Chanceux.



Hamburg

Bienvenue à Hamburg-Altona, votre arrêt final et la station la plus au nord du réseau Nightjet. Vous êtes maintenant dans la capitale maritime de l’Allemagne, une ville connue pour ses grues portuaires, ses entrepôts en brique rouge et ses ponts plus nombreux qu’à Venezia. Descendez du train plus frais que quiconque ayant pris l’avion à 6 h du matin et affronté la sécurité aéroportuaire.



Zürich vers Prague

Zürich–Prague n’est pas un simple voyage en ligne droite. Exploité comme une liaison en voiture directe du Nightjet (alias la grande séparation ferroviaire), votre voiture-couchette démarre à bord du NJ 40490, voyage avec le train à destination de Wien, puis se détache magiquement au milieu de la nuit autrichienne pour filer vers la République tchèque comme un rebondissement parfaitement orchestré. Le trajet complet dure environ 13 heures.



Zürich

Encore une fois, votre voyage commence à Zürich HB, où les trains sont propres, les quais ponctuels et les viennoiseries peuvent servir de carburant pré-départ. Montez dans votre compartiment, baissez les stores, prenez peut-être une gorgée de vin pétillant et installez-vous confortablement.



Buchs SG & Sargans

Tôt dans le trajet, le train glisse à travers Buchs SG et Sargans, deux villes suisses dignes de cartes postales nichées près de la frontière autrichienne. Vous êtes encore au pays des montagnes et de la fondue — mais plus pour longtemps.



Innsbruck

Innsbruck, patrie des tremplins de ski, des flocons de neige et désormais, prochaine grande étape de votre Nightjet. Si vous jetez un œil dehors, vous apercevrez peut-être encore les silhouettes alpines. Mais à l’intérieur de votre cabine, c’est chaleur, Wi-Fi et doux ronron qui vous berce vers le sommeil.



Wels & Linz

Ensuite : Wels et Linz, deux joyaux autrichiens sous-estimés. Ces arrêts sont les coulisses de la République tchèque, où votre voiture à destination de Prague se sépare du service vers Wien. Pas d’inquiétude, vous n’avez rien à faire. Tandis que vous rêvez de strudel, votre train exécute toute la chorégraphie pour vous amener au bon endroit, au bon moment, sans le moindre effort.



Ceské Budějovice

En franchissant la frontière tchèque, votre premier arrêt notable est Ceské Budějovice, berceau de la bière Budweiser originale et beauté baroque qui rend votre vue matinale depuis la fenêtre digne d’un tableau. Les rues pavées dorment encore, mais votre train ? Il est pile à l’heure.



Prague

Bienvenue à Praha hlavní nádraží, ou « Praha hl.n. » si vous voulez avoir l’air d’un initié local. Vous êtes arrivé au cœur de l’une des capitales les plus étincelantes d’Europe. Descendez du train, étirez-vous et commencez à vous exercer à dire « Dobrý den ».



Zürich vers Graz

Le Nightjet de Zürich à Graz est votre billet sans tracas et tout confort. Exploité sous le numéro NJ 464, ce train de nuit vous emmène de la plus grande ville suisse à la capitale créative de l’Autriche en un peu moins de 12 heures. Pas d’aéroports. Pas de transferts matinaux. Il suffit d’embarquer à Zürich le soir et de se réveiller à Graz, frais et dispos.



Zürich

Vous partez depuis la mythique Zürich HB, une gare si fluide qu’on dirait qu’elle a été conçue par des horlogers suisses. Installez-vous. Ce soir, votre train est votre hôtel en mouvement et l’heure de pointe zurichoise appartient à quelqu’un d’autre.



Buchs SG & Sargans

Alors que le soleil se couche derrière les Alpes, votre train effectue de brèves haltes à Buchs SG et Sargans, faisant ses adieux au bord oriental de la Suisse. Ces deux villes charmantes sont votre dernier goût de sérénité suisse avant que le voyage ne devienne pleinement autrichien. Une transition symbolique : adieu fondue, bonjour schnitzel.



Feldkirch

Bienvenue à Feldkirch, avant-poste le plus occidental de l’Autriche. Bien que le train n’y fasse qu’un court arrêt, le changement d’ambiance est palpable. Vous êtes maintenant au Vorarlberg, terre de chalets en bois, de traditions montagnardes et de trains qui ronronnent comme une berceuse. C’est ici que la vraie magie des trains de nuit commence.



Innsbruck

Le train serpente jusqu’à Innsbruck, coqueluche alpine du Tyrol et point d’intermède fréquent pour de nombreux services Nightjet. C’est ici que les trains sont joints, séparés et réorientés au beau milieu de la nuit. Vous, cependant, êtes probablement profondément endormi — ou en train de naviguer sur votre panneau de commande pour régler l’éclairage sur « lueur de coucher de soleil ».



Leoben

À l’approche de l’aube, le train glisse à travers Leoben, charmante ville autrichienne connue pour ses universités, son histoire minière et son cadre fluvial étonnamment agréable. Il est temps de vous asseoir, de siroter votre café et de vous préparer mentalement à découvrir Graz sous ses plus beaux rayons.



Graz

Guten Morgen, Graz ! Vous êtes officiellement arrivé à la capitale de la Styrie, deuxième plus grande ville d’Autriche et, sans doute, l’une des plus méconnues. Connue pour ses toits rouges, ses arcades Renaissance et son musée d’art futuriste qui semble s’être écrasé (dans le bon sens du terme), Graz vous accueille avec un peu de tout : culture, charme et cappuccino. Vous avez quitté Zürich en plein rêve et vous voilà dans un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pas mal pour une nuit de sommeil.


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